1- Rapide état de la question ou état des lieux

En se fondant sur une défiance originelle à tout pouvoir politique et économique au sein des populations, le plus souvent abusées et démunies, et sur un terrain d’hostilité rampante au pouvoir actuel, les acteurs et figures de ce mouvement politique ont pu se constituer rapidement une audience. La parole politique est considérée à priori comme douteuse, parce que jugée à travers l’histoire et l’expérience, démagogique, manipulatrice et contraire à la liberté d’expression et d’informer. Dès lors, s’ajoute aux facteurs précédents un subconscient favorable à l’écoute d’une pluralité de discours, puisque qu’il est déjà admis dans le subconscient des populations que les Etats utilisent l’information et les médias pour manipuler et contrôler les populations. Il en découle que le discours officiel ou d’Etat n’est plus la référence, la source première de l’information. Celle-ci est frappée d’une suspicion historique qui la rend légitime, et dans le contexte contemporain d’un doute complotiste visant à imposer “un mensonge d’Etat” pour reprendre l’expression du Prof. Guikahué. Il en découle le besoin évident de le rendre fiable, crédible et transparent. A défaut, les conséquences de cette déviance, loin de constituer un phénomène marginal, pourrait devenir la forme dominante de l’actualité, une forme de pollution continue de l’information entretenue à dessein, pour brouiller l’audibilité et la visibilité du discours gouvernemental sur les réseaux sociaux et même dans l’espace public. Pour l’instant la communication du Pouvoir est malheureusement centrée sur les activités personnelles des individus qui composent le Gouvernement, plutôt que sur les objectifs de l’action collective de celui-ci. Pour revenir à la substance de notre sujet, ce faisant on oublie trop facilement qu’on pourrait passer ainsi d’un “mensonge d’état” à “un mensonge politique”, fabriqué de toutes pièces par des entrepreneurs politiques véreux producteurs d’ignorance et de faux, à travers une campagne de “désinformation et d’intoxication” pour servir leurs ambitions et des projets de déstabilisation.
L’essor du discours anti-gouvernemental et de la circulation des fausses informations est lié au développement des NTIC et du cyber-militantisme. Dès lors, il appartient au Pouvoir d’investir correctement ces nouveaux espaces de la démocratie populaire et de s’approprier ces nouvelles technologies et modes de mobilisation sociale. La recherche de l’information se fait de plus en plus sur internet, aussi l’information numérique produite par les faussaires politiques y abondent en fonction de leur capacité de production et de pollution. Cela impose au Gouvernement de concevoir des plate-formes et des forums d’information, produisant à son tour des information EXACTES, CLAIRES, FIABLES, REGULIERES, ACTUALISEES, FONCTIONNELLES et ACCESSIBLES. Ce n’est pas encore le cas, malgré un effort louable. Les Ministères ne font pas encore le jeu, ils concentrent leur information sur les activités personnelles de leurs Ministres, plutôt que sur celles du département ministériel. En effet, plus la recherche de l’information exacte et juste est contraignante, moins les populations y ont recours, et plus elles sont exposées aussi aux “fake news” et à l’escroquerie à l’information et à la morale.
2 – Les principaux axes argumentaires et thématiques de la campagne d’intoxication et de désinformation
2.1 – Arguments pseudo-rationnels des intellectuels d’écurie
– Le pouvoir actuel est largement responsable de tous les maux, retards, faiblesses et dysfonctionnements observés dans le pays, bien que provenant et accumulés sur de nombreuses années avant son accession aux affaires, en oblitérant sciemment que l’action de correction et de transformation structurelle d’une société s’inscrit dans la durée. On découvre par exemple qu’il existe de la pauvreté en CI, bien que celle-ci soit en baisse constante (55% en 2010 contre 35% en 2020), où qu’il existe du chômage comme si c’était nouveau ou qu’on assistait à une destruction massive de l’emploi. C’est porteur et c’est l’essentiel. Il n’est pas définitivement prouvé scientifiquement que les vaccins sont sûrs, donc l’état commet une lourde erreur, en se lançant dans une telle entreprise.
-Il n’est pas suffisamment prouvé que les actions et les options stratégiques du Gouvernement permettent du développement et du progrès social. En revanche, lorsqu’il existe des statistiques indépendantes et fiables qui attestent le contraire, ces intellectuels sont chargés de nier leur véracité, même s’ils n’en ont pas la compétence et l’autorité scientifique nécessaires. Les statistiques défavorables, il en existe même si elles sont anciennes, tel que l’accès au permis de construire, ou encore l’espérance de vie dont la courbe met du temps à s’inverser malgré les effets d’une avancée des conditions générales de vie et de santé des populations, démontrent d’après eux, que la situation ne s’améliore pas. Donc, que la gouvernance Ouattara fournit de fausses informations sur la situation réelle du pays, avec la complicité de ses amis des Institutions de Bretton Woods.
– De nombreuses structures, réformes et institutions ne servent à rien. La Côte d’Ivoire n’en a pas besoin, à tout le moins, ces novations ne s’inscrivent pas au sommet de l’échelle des priorités. Ce qui n’est pas tout à fait faux, lorsque la critique est objective. Mieux l’on pourrait faire beaucoup mieux avec les ressources dont dispose le pays, sauf qu’il faut les GENERER au préalable, ensuite qu’il faut pouvoir élaborer un programme alternatif CREDIBLE à présenter aux populations, pour en optimiser l’emploi.
2.2 – Arguments idéologiques, philosophiques et politiques.
– L’ancrage de la démocratie et la construction de l’état de droit sont décriés comme étant les points faibles de la gouvernance “ouattaratiste”. Alors, que notre transition démocratique exige, à la fois, le respect de la légalité, notamment des décisions de justice et des lois de la République, et le respect de la liberté du peuple à se choisir souverainement ses dirigeants. Or, nous observons des tentatives d’attentats contre ce droit fondamental en démocratie, la légalité constitutionnelle, les institutions de la République et la liberté d’expression et de choix des populations, de la part des mandants ou référents de ces “intellectuels de service” et des animateurs de cette campagne de diabolisation.
– La cohésion et l’inclusion sociale, la réconciliation et le vivre ensemble, sont des thème-programmes, alors que le dialogue politique n’a été possible, qu’à la suite d’un changement de stratégie de l’opposition et de sa décision de vouloir conquérir désormais le pouvoir dans les urnes et non dans la rue et par une insurrection populaire. L’argument d’un pouvoir minoritaire et dictatorial qui s’imposerait par la force au peuple, vient d’être définitivement démoli par le vote des populations, qui a démontré à l’occasion des récentes élections, toute la légitimité et la force démocratiques du pouvoir en place, ensuite la crédibilité et la fiabilité du système électoral tant boudé à priori, enfin la confiance du peuple dans les choix et le programme du Gouvernement. Il est indéniable que celle-ci est assise sur un bilan remarquable, la réussite du projet de société du RHDP, qui reste certes à améliorer en de nombreux points encore. Il est démontré aussi, à l’observation, l’incapacité de l’opposition à réussir la réconciliation en son propre sein, sa cohésion et son vivre ensemble, lui donnant éventuellement qualité et crédibilité de vouloir étendre cette expérience positive à l’échelle de la Nation. A défaut, celle-ci est ou ETAIT mal venue, par l’intermédiaire de ses intellectuels de service, de reprocher au Gouvernement, à la fois sa non-participation au dialogue politique, son choix VOLONTAIRE ET SOUVERAIN de rester en dehors de la République. Par ailleurs, pour la construction de l’état de droit on ne peut lui reprocher la volonté de combattre l’IMPUNITE et de faire respecter l’ORDRE PUBLIC ET LA LOI.
3 – Rapide revue de la stratégie mise en œuvre par les acteurs et animateurs de la campagne.
– La négation de la réalité objective en raison d’une absence de raison critique (cyber-militant et cyber-activistes) ou les propositions de réinterprétation abusive des faits solidement établis sous le prisme déformateur et partisan des animateurs intellectuels de la campagne de désinformation (médias, pseudo-conférences), privilégiant exclusivement les dires et travaux des sachants ou experts allant dans le sens contraire de la thèse officielle.
– La tentative d’universalisation de leur point de vue par la séduction, le mensonge et la falsification de l’histoire.
– La formulation continue d’une pluralité d’hypothèses et de théories explicatives, sans cesse nouvelles au fur et à mesure que les précédentes sont invalidées par l’expérience historique, ou déconstruites par leurs contradictions internes, ou encore par une absence d’accord avec les faits tels qu’ils se déroulent ou sont présentés. Aujourd’hui tout le monde a découvert les mensonges et les objectifs de cette entreprise politique.
– Le refus systématique de prendre en compte des opinions dissidentes dans les analyses et sur les espaces de discussion. L’exclusion et la censure constituent la règle, et non le débat contradictoire des IDEES dans la sérénité, l’objectivité et la civilité. Il se crée ainsi des bulles informationnelles autour de certains pôles intellectuels, cyber-activistes et forums spécialisés.
– La victimisation au moment d’assumer ses actes et ses choix, en opérant un transfert de responsabilité sur le Pouvoir, ou un déni de responsabilité vis à vis du mécanisme de cause à effet, en réinventant “la normalité fonctionnelle” d’une société bien administrée. Exemple, l’impunité réclamée pour des biens mal acquis ou des actes criminels avérés.
– Le dernier point, mais de loin le plus important par sa récurrence, est la diabolisation du pouvoir, le harcèlement des figures publiques les plus populaires ou les plus représentatives du pouvoir, la nuée d’insultes, de dénigrements et de calomnies des adversaires politiques et parfois de poursuites judiciaires à l’étranger, rien que pour ternir la réputation des autorités et salir l’image de la Côte d’Ivoire à l’international. C’est ainsi que nous avons réussi l’exploit d’exporter notre vulgarité à l’étranger et d’internationaliser la conflictualité de notre société.